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Le Blog de Gugusse 54
2 février 2006

Signez la pétition contre le CPE

Manif le 7 février mais en attendant signez la pétition contre ce contrat précarité exclusion, cheval de Troie (avec le CNE) de la destruction du CDI
Et faites passer le message!!!

 

Si vous n'êtes pas convaincu, n'oubliez pas les faits que l'article du Monde ci-dessous rappelle : 30 ans durant les jeunes ont servi de cobayes à la politique d'emploi ; 30 ans durant les jeunes ont servi de prétexte à baisser les cotisations sociales au nom de leur inemployabilité, à réduire les salaires en niant leur qualification, à créer des stages non payés au nom de leur inexpérience. Nous ne sommes ni des esclaves, ni des rats de laboratoire social!

 

NE LAISSONS PAS FAIRE: LE CPE NE CREE PAS D'EMPLOIS, IL CREE DE LA PRECARITE!!!!

 

 

 

Trente ans de dispositifs de lutte contre le chômage des jeunes
LE MONDE | 31.01.06 | 14h18  •  Mis à jour le 31.01.06 | 16h08

 

 

Qui peut soutenir qu'agir contre le chômage des jeunes ne s'impose pas ?" Cette question du premier ministre, Dominique de Villepin, dans un entretien récent au Nouvel Observateur, en appelle une autre : quel premier ministre ne l'a pas posée depuis trente ans ?

Car le contrat premier emploi (CPE), créé par un amendement au projet de loi pour l'égalité des chances, à propos duquel le débat à l'Assemblée nationale s'est ouvert mardi 31 janvier, s'inscrit dans la longue lignée des mesures prises pour combattre ce fléau, depuis... le "pacte pour l'emploi des jeunes" de Raymond Barre, en 1977 !

De 1973 à 2002, les gouvernements successifs ont utilisé pas moins de 35 dispositifs différents. En 1999, 40 % des jeunes de moins de 26 ans ayant un emploi en bénéficiaient, contre 5 % en 1975, selon Yannick Fondeur et Claude Minni, respectivement chercheur à l'Institut de recherches économiques et sociales (IRES) et chercheur au ministère de l'emploi (Economie et statistique n° 378-379, 2004). 

Pourtant, le taux de chômage des jeunes de 15 à 29 ans, de 6 % en 1975, dépasse les 20 % trente ans plus tard (23 % pour les 15-24 ans), avec des périodes de baisse à la fin des années 1980 et des années 1990. Cela signifie-t-il que tous ces dispositifs ont échoué ?

En réalité, la place des jeunes sur le marché du travail et la transition de l'école à l'emploi ont connu un énorme bouleversement durant cette période. Ses conséquences ont été très différentes selon l'âge, le niveau de qualification, les régions — ce qui interdit de considérer les "jeunes" comme une catégorie unique qui justifierait une politique unique.

C'est pourtant cette confusion qui a amené le premier ministre à déclarer, dans le même entretien, comme de nombreux commentateurs avant lui, que "23 % des jeunes sont au chômage". Le taux de chômage se calcule par rapport au nombre de personnes en emploi ou à la recherche d'un emploi. Or près de 60 % des jeunes de 15 à 24 ans sont étudiants ou lycéens : ce n'est donc pas "un jeune sur cinq", mais, bon an mal an, un sur quinze, qui est au chômage. Cette proportion est à peu près stable depuis dix ans. Elle avait crû fortement entre 1975 et 1985, puis diminué pendant les dix années suivantes, en raison de l'envolée de la scolarisation.

C'est donc en sortant de l'école, à des âges et à des niveaux de qualification très différents que les jeunes affrontent la réalité d'un marché du travail en pleine transformation. En effet, afin d'ajuster leurs effectifs aux soubresauts de la conjoncture puis à la concurrence mondiale, les entreprises ont fortement diminué le recrutement de jeunes tout en se débarrassant des travailleurs les plus âgés.

Dès 1993, Mireille Elbaum et Olivier Marchand, chercheurs au ministère du travail, observaient que tout se passe comme si seulement une génération, celle des 30-50 ans, était au travail, protégée par son ancienneté et des syndicats peu engagés dans la défense des salariés précaires.

Entre 1982 et 1990, la part des moins de 25 ans dans l'emploi avait diminué de près de 20 %, mais de 42 % dans la banque et de 36 % dans les transports et les télécommunications. Le nombre de salariés de cette tranche d'âge, qui était de 485 000 dans l'industrie en 1990, avait chuté, en mars 2002, à 287 000.

C'est tout le processus de transition de l'école vers la vie active, via l'apprentissage et des cultures professionnelles souvent transmises de père en fils, qui s'est trouvé remis en cause, d'autant que la modernisation technologique rendait certaines d'entre elles obsolètes. Le secteur productif en est venu à "sous-traiter" ce processus de transition aux pouvoirs publics. Ceux-ci se sont, dès lors, efforcés, d'une part, de professionnaliser les études, dans une course un peu illusoire à l'"adéquation" à des postes de travail en perpétuelle mutation, d'autre part, d'accueillir dans les fameux "dispositifs" les jeunes en attente d'une insertion professionnelle.

Mais ces dispositifs sont, par essence, transitoires, c'est-à-dire à durée déterminée. Leur poids, rappelons-le, est énorme — 40 % des jeunes ayant un emploi. Cela a pour effet de banaliser l'instabilité et la précarité des parcours des jeunes et de stigmatiser, aux yeux des employeurs, les bénéficiaires de ces contrats.

Parallèlement, même en dehors des dispositifs spécifiques, toutes les formes temporaires de l'emploi (à durée déterminée, intérim, stages) représentent une part croissante de l'emploi des jeunes : les entreprises appliquent ces instruments de flexibilité, d'abord et avant tout, aux jeunes, dans la mesure où les salariés en place opposent, évidemment, une vive résistance à tout changement de statut.

En 1983, moins d'un an après leur sortie du système éducatif ou leur entrée sur le marché du travail, 80 % des jeunes occupaient un emploi stable ; cette proportion n'était plus que de 47 % en 1988, et varie depuis entre 50 % et 60 % selon la conjoncture économique. En 2003, 58 % des 15-29 ans avaient occupé un emploi stable pendant l'année écoulée, contre 82 % des 30-49 ans et près de 10 % uniquement un (des) emploi(s) temporaire(s), près de 20 % mixant ces deux formes. A dire vrai, les politiques publiques ont accompagné, voire encouragé cette mutation, en cherchant à abaisser le coût de l'emploi d'un jeune, depuis l'exonération de charges du plan Séguin (1986), jusqu'à l'"exo-jeune" de Michel Rocard (1990). A la fin de l'année 1992, 655 000 jeunes de moins de 25 ans étaient employés sous des contrats ouvrant droit à de tels allégements de charges.

C'est également dans cette optique qu'Edouard Balladur, alors premier ministre, avait, en 1993, tenté d'instaurer le contrat d'insertion professionnelle (CIP), qui offrait aux employeurs un abattement sur le salaire net des nouveaux embauchés, et non plus seulement sur les charges. L'initiative avait provoqué la colère des jeunes, en particulier des diplômés à bac + 2. Partant de l'idée qu'il fallait agir sur le chômage des jeunes en général, cette mesure, finalement retirée, négligeait le fait que leur situation est, en réalité, fortement différenciée selon l'âge et le diplôme. Le "smic-jeunes" alors imaginé revenait à autoriser tous les employeurs à baisser le salaire de tous les jeunes embauchés, y compris ceux qui n'avaient pas de difficulté à décrocher une rémunération en rapport avec leur qualification. Or ces derniers étaient — et sont encore — les plus nombreux, surtout parmi les plus diplômés ! En proposant un contrat unique mais incertain, Dominique de Villepin semble victime de la même illusion d'optique. Ce nouveau contrat pourrait — peut-être — améliorer le sort de ceux qui errent de petit boulot en petit boulot, mais il créerait de la précarisation chez ceux des diplômés qui trouvent d'emblée un premier emploi stable. Or 54 % des jeunes entrés sur le marché de l'emploi depuis moins d'un an en 2003 étaient dans ce cas !

Yannick Fondeur et Claude Minni montrent que l'emploi des jeunes ne se dégrade pas de manière constante et continue mais que ses variations, pour le meilleur comme pour le pire, sont beaucoup plus fortes — et donc plus spectaculaires — que pour l'ensemble de la population active. Tout simplement parce que les jeunes représentent, pour les employeurs, la meilleure variable d'ajustement de leurs effectifs aux soubresauts de la conjoncture, et aussi les meilleurs cobayes pour expérimenter de nouvelles formes d'emploi, plus flexibles...

Les politiques publiques ont, au cours des trente années écoulées, accompagné ce double ajustement, en créant massivement de l'emploi public ou associatif en période de basse conjoncture, et en allégeant le coût du travail en période de reprise. Mais, aujourd'hui,
l'équation est légèrement différente. Le départ en retraite des ex- quadras, si bien protégés durant les années de crise, rend à nouveau les entreprises soucieuses de reconstruire le processus de transition entre les études et l'emploi qu'elles ont si longtemps négligé. Cette reconstruction ne pourra se faire sous le seul signe de la précarité, sans que celle-ci soit fortement compensée par davantage de formation, de qualification et une meilleure sécurisation des parcours.

Antoine Reverchon

 

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Commentaires
P
être contre le CPE c'est essentiel et même indispensable, mais il ne faut pas oublier de faire des propositions pour améliorer l'emploi des jeunes. Si vous souhaitez quelques propositions, vous pouvez télécharger le texte suivant<br /> <br /> http://www.monde-solidaire.org/spip/IMG/pdf/analyse_chomage.pdf<br /> <br /> cordialement Patric
Le Blog de Gugusse 54
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